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À la rencontre de Paco Buyo dit El Gato De Betanzos


Paco Buyo gardien de but du real Madrid

Francisco Buyo dit Paco Buyo, un nom qui renvoie les quadragénaires à leur plus tendre enfance. Gardien du temple du Real Madrid des années 80’ et de la fameuse Quinta Del Buitre, il compte plus de 340 matchs dans les buts de la Casa Blanca. Aujourd’hui ambassadeur du club Merengue et chroniqueur pour l’émission El Chiringuito De Jugones, l’ancien gardien international espagnol, s’est longuement confié pour Los Hinchas Football sur ses souvenirs de joueur, sa période madrilène, ainsi que sur sa vision de l’évolution du poste de gardien de but.


Étant un gardien de but affirmé et reconnu du côté du FC Séville de 1980 à 1986 pourquoi avoir choisi de signer au Real Madrid ?


Pour être honnête, j’avais beaucoup de propositions, notamment de l’étranger, mais aussi de l’Atlético Madrid et du Barça, malgré ces offres, mon rêve d’enfant était de défendre les couleurs du Real Madrid, donc lorsque la possibilité s’est présentée, je n’ai pas hésité.


Que représente pour vous, amoureux du club madrilène, le fait d’avoir défendu les couleurs du Real ?


Le fait de signer et de jouer pour le Real Madrid était quelque chose d’irréel pour moi. Le club venait de remporter 2 coupes de l’UEFA d’affilée et les rejoindre était pour moi une sorte de consécration et le sommet de ma carrière. De plus, c’était passionnant de partager le vestiaire avec les meilleurs joueurs de l’époque.


Quel a été le moment le plus intense que vous ayez vécu au sein de La Quinta Del Buitre ?


Quand tu as la chance de jouer un peu plus de 10 ans dans le meilleur club du monde, tu vis des moments intenses et beaucoup d’émotions, aussi bien dans le vestiaire que sur le terrain. Mais si je devais choisir un moment spécial, ce serait la conquête de ma première Liga, lors de la saison 1986/1987, car elle fut très intense, avec un FC Barcelone qui finit à seulement 1 point de nous. Un titre qui conclut une saison aboutie.


Aussi personnellement et d’un œil extérieur, je pense que le groupe était la clé de cette réussite, était-ce le cas ?


Tu as tout à fait raison quand tu dis que le groupe était la clé de la réussite de cette génération. Le vestiaire était assez froid et nous n’étions pas tous amis. Cependant, à chaque début de match, dès que le coup de sifflet retentissait, on agissait en groupe et chacun se battait pour son coéquipier.


À partir de quel moment ressentez-vous que cette génération est spéciale, voir unique ?


Quand tu arrives dans une équipe du niveau de ce Real Madrid, que tu joues et que tu t’entraînes avec des joueurs d’une telle qualité, tu te rends très vite compte que cette génération est unique et que l’on va marquer l’histoire. L’équipe était homogène et il y avait un juste équilibre avec les jeunes de la Fabrica et des joueurs plus confirmés.


Est-il possible qu’à force de gagner, on puisse rentrer dans une certaine routine au point de cesser de fêter les titres, voire même de ne plus les apprécier à leur juste valeur ?


Lorsque tu gagnes beaucoup de titres d’affilée, beaucoup de personnes pensent que c’est simple, voir normal. De ce fait, il est possible que les socios n’aient pas valorisé les titres remportés par cette équipe comme ils le devraient. Néanmoins, avec le temps et un certain recul, les gens se sont rendus compte de ce que La Quinta Del Buitre avait accompli. À présent, on parle de ce groupe comme d'une équipe légendaire. On peut, en quelque sorte, et toutes proportions gardées, faire un parallèle entre cette génération et celle des 3 Ligues des Champions. D’ailleurs, ce ne sera que lorsque cette génération aura pris sa retraite que les gens se rendront réellement compte de l’exploit que les Cristiano Ronaldo, Toni Kroos, Luka Modrić, Sergio Ramos et Cie ont réalisé.


Les socios Madrilènes sont réputés pour être très exigeants et ont tendance à ne rien laisser passer aux joueurs. Comment réussissez-vous après les victoires à toujours trouver la motivation, afin de continuer à être compétitif année après année et répondre à cette exigence ?


Les socios sont parmi les plus exigeants au monde ce qui oblige les joueurs à se donner à fond pour le club. À partir du moment où tu intègres le club, les joueurs doivent savoir vivre avec cette pression qui est plus forte que dans n’importe quel autre club, que ce soit au niveau de la direction sportive, les fans ou encore la presse. Un joueur du Real doit être irréprochable aussi bien sur le terrain que dans sa vie privée. Beaucoup de joueurs de classe mondiale n’ont d’ailleurs pas réussi à se faire à ce niveau d’exigences.


Le seul titre manquant au palmarès de La Quinta Del Buitre est cette fameuse Ligue des Champions. Échangeriez-vous une ligne de votre palmarès pour une C1 ?


Je pense que tu ne peux pas changer le passé, par conséquent, ce serait absurde de vouloir changer l’histoire. Il y a de très grands joueurs qui n’ont pas remporté la ligue des champions non plus. Personnellement, je suis fier de tous les titres que j’ai remporté.


Aujourd’hui, vous êtes ambassadeur du club, quel regard portez-vous sur le Real Madrid actuel ?


Le Real Madrid est actuellement une équipe en reconstruction avec néanmoins de très bons joueurs. J’espère que l’équipe sera compétitive en Ligue des Champions et qu’elle remportera La Liga. Je pense que la saison prochaine avec les travaux du Bernabéu terminés, on aura une superbe équipe.


La Quinta Del Buitre était une génération de footballeurs exceptionnels, impressionnants aussi bien défensivement qu’offensivement. Et pourtant, malgré les individualités, c’est le collectif qui en ressortait. Quel regard portez-vous sur l’évolution actuelle du football ? Un football dans lequel les individualités sont davantage mises en valeur.


Il est vrai que les joueurs de cette génération étaient incroyables et que la clé des succès a été la gestion du groupe. Cette équipe était incroyable tant au niveau individuel que collectif. Les individualités te permettent certes, de faire des différences sur le terrain, mais ne te garantissent en aucun cas les succès. Cela est encore plus vrai de nos jours où les équipes sont très bien organisées en bloc et ou si tu ne joues pas en équipe, tu ne peux pas avoir de résultats positifs. D’ailleurs, il n’y a qu’à voir les dernières équipes qui ont performé sur la scène européenne.


Vous qui avez évolué durant plus de 20 ans au poste de gardien de but, quel regard portez-vous sur l’évolution du poste et sur les changements que requiert ce rôle ?


Effectivement, le rôle de gardien de but a beaucoup changé depuis les années 80’. À mon époque, on nous demandait principalement de stopper les ballons et nous n’utilisions que très peu notre jeu au pied. À présent, on demande aux gardiens d’être toujours irréprochables dans les cages, mais en plus, ils doivent être aussi bons au pied que certains joueurs de champ, afin que chaque relance soit le déclenchement d’une attaque. Aujourd’hui, le gardien est toujours le dernier défenseur de son équipe, mais aussi son premier attaquant, il est bien plus complet qu’à mon époque.


Mais malgré une palette plus élargie, n’avez-vous pas l’impression que les gardiens actuels ont perdu certaines caractéristiques primaires de ce poste ? Par exemple, je trouve qu’ils ont beaucoup plus de lacunes dans leur prise de balle et dans le blocage du ballon.


Hum… Je ne pense pas que les gardiens soient moins bons avec leurs mains, cependant, il faut prendre en compte que le poste a énormément changé depuis que les gardiens ne sont plus autorisés à prendre le ballon de la main sur des passes en retrait (1992), d'ailleurs, j’ai vécu ce changement majeur durant les dernières années de ma carrière. Cette nouvelle règle a été un élément majeur de l’évolution du poste de gardien de but. Avant, on ne leur demandait que d’être bon sur la ligne, hors suite à cette règle, ils ont été obligés de travailler le jeu au pied. Pour ce qui est de capter le ballon, il y a différents paramètres à prendre en compte. La technologie des ballons a beaucoup évolué et pas forcément dans le bon sens. Les ballons de nos jours flottent beaucoup plus et cela peut rendre les trajectoires étranges, d’où le fait que les gardiens actuels préfèrent sécuriser et boxer les ballons, plutôt que de tenter de les bloquer. De plus, n’oublions pas que le gardien est le dernier rempart avant qu’un but ne soit marqué, alors pourquoi prendre un risque inutile à vouloir bloquer ? Aujourd’hui, tous les meilleurs gardiens actuels ont cessé de bloquer les ballons : Ederson, Ter Stegen, Courtois, Navas, pour ne citer qu’eux.


Après votre carrière de joueur, vous avez démarré une carrière d’entraîneur, en prenant notamment en main les équipes de jeunes du Real Madrid. Cependant, vous avez très vite arrêté, pourquoi n’avez-vous pas perduré dans ce rôle ?


En effet, j’ai entraîné très longtemps les jeunes de La Fabrica du Real Madrid et j’ai même été en charge de la Castilla. Néanmoins, j’avais pour but de faire monter le club en deuxième division et suite à mon échec, je me suis rendu compte que le métier d’entraîneur n’était pas fait pour moi. Aujourd’hui, je m’épanouis pleinement dans mon rôle d’ambassadeur du club, et dans les médias.



PROPOS RECUEILLIS ET TRADUITS PAR RAFAEL CACERES

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