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  • Photo du rédacteurRafael

Sur la route de La Scaloneta


L'équipe d'Argentine dans le bus de la Scaloneta

C’est une image qui tourne en boucle depuis depuis plus d’un an et demi en Argentine. Cette image, c’est celle de la Scaloneta, une sorte de bus imaginaire, qui tire son nom du sélectionneur actuel de l’Albiceleste, Lionel Scaloni. Un autocar censé emmener les joueurs argentins vers le titre suprême de champion du monde. Ce brin d’humour, devenu depuis un véritable phénomène de mode, traduit en substance autre chose. Sous ses airs légers et potaches, la Scaloneta fait également figure d’ode à l’amour retrouvé entre quarante-cinq millions d’argentins et vingt-trois joueurs. Dévoyée hier encore, la sélection séduit depuis deux ans désormais et s’annonce comme un prétendant sérieux au trophée mondial. Mais au-delà du simple phénomène internet, à maintenant moins de vingt-quatre heures de l’entrée en lice de l’Argentine en Coupe du Monde, que vaut réellement la Scaloneta ?


Bons baisers de Russie


Il était écrit que cette Coupe du Monde n’allait pas être fait du même bois que les autres. Depuis son attribution au Qatar en décembre 2010, le futur Mondial ne cesse de défrayer la chronique extra-sportive. Entre scandales liés à la corruption lors de l’attribution, drames humains sur les chantiers et désastre écologique en vue, rarement une Coupe du Monde n’aura été autant scrutée avant même le coup de sifflet du match d’ouverture.


En parallèle, et à quelques jours seulement du coup d’envoi du plus grand tournoi footballistique, la situation n’est pas plus rose sur le rectangle vert. Les cadors européens, éternels plébiscités des tournois, semblent à la peine en cette fin d’année 2022 et il semble difficile, voire quasiment impossible de détacher un ou plusieurs favoris pour cette édition.


C’est à des milliers de kilomètres du Vieux Continent, en Amérique du Sud, que semble s’extirper un duo. Si le Brésil et son armada offensive font figure d’épouvantail continental, depuis un an, l’Argentine est également entrée dans la grande danse des prétendants. Encore à la peine sportivement il y a deux ans, l’Albiceleste est aujourd’hui considérée comme une alternative crédible à la victoire finale.


Pour mieux comprendre la genèse de cette folle histoire, il faut grimper dans la machine à remonter le temps et revenir au moment de l’implosion initiale, en juin 2018. L’Argentine, qui sort tout juste d’une douloureuse élimination en huitième de finale, explose littéralement après le voyage au pays des frères Karamazov. Affichant un niveau de jeu cataclysmique et traînant quelques casseroles en tout genre (bagarre entre membres du staff, prétendu coup d’état fomenté par les joueurs...), la fédération prend ses responsabilités et décide de se séparer de tout le monde, avec perte et fracas pour sa réputation, mais également pour ses finances. Jorge Sampaoli et son staff sont priés de prendre rapidement la porte et de se chercher un nouveau point de chute.


Tous ? Pas réellement non. Pas pour Lionel Scaloni en tout cas. Responsable de l’analyse des adversaires au sein du staff de Jorge Sampaoli, l’aspirant-coach de quarante ans ne souhaite pas vraiment quitter la sélection et demande fissa au président Claudio Tapia s’il peut s’enraciner dans les catégories inférieurs de l’Albicelste, afin d’y parfaire l’apprentissage du métier d’entraîneur. Une demande immédiatement acceptée par le Chiqui, qui le propulse co-entraîneur des U-20 argentins avec Pablo Aimar. Un passe-droit qui fait grincer des dents au pays de Diego, et qui rompt avec la loi tacite qui veut qu’un staff quitte le club ou la sélection en même temps que l’entraîneur principal, par loyauté envers ce dernier. L’image de Scaloni, extrêmement lisse en Argentine, en prend un coup et l’homme de l’ombre devient en l’espace de quelques mois, un lâche, un traître, un homme à la solde des puissants.


Malgré les critiques, parfois justifiés mais souvent excessives, et le battage médiatique, l’autre Lionel de la sélection argentine avance tranquillement, sans faire de bruit. Après avoir brillamment remporté le Tournoi espagnol de la Alcudia avec les pibes, en compagnie du Payaso Aimar, le destin de Scaloni va basculer rapidement. L’AFA, qui ne dispose plus d’un seul peso après le licenciement de Sampaoli et de sa clique, fait appel au Caballo pour prendre les rênes de l’Albiceleste, le temps de trouver un remplaçant solide afin de préparer sereinement la prochaine Copa América. Pourtant, le remplaçant tant désiré n’arrivera jamais. Car cette amourette, parti pour durer quelques mois seulement, va se transformer en véritable idylle.


Argentine 2022, une rapide mais difficile reconstruction


À son arrivée à la tête de la sélection, l’Argentine est un vaste champ de ruines sur lequel il ne reste presque plus rien. Depuis 2014 et sa défaite en finale, l’Albiceleste traverse une grave crise de confiance et enchaîne les revers sur son continent, à l’image des finales de Copa America 2015 et 2016, perdues face à l’ennemi juré chilien. Le fond de jeu, s’il en reste un, atteint un niveau abyssalement mauvais et rarement vu au pays. La sélection est complètement désorganisée et manque de joueurs-clés à des postes cruciaux, surtout sur le plan défensif. Cerise sur le gâteau, la majorité des cadres, ceux supposés être les relais de Scaloni sur et en dehors du terrain, tournent généralement sur courant alternatif avec l’Albiceleste, à l’image d’Otamendi, de Di María ou de Sergio Agüero.


Le chantier apparaît alors comme titanesque pour un jeune entraîneur n’ayant seulement comme expérience qu’un court passage chez les jeunes. Mais surtout, apparaît pour Scaloni, un défi encore plus sisyphéen : celui de réconcilier l’Albiceleste avec son peuple. Un douzième homme follement passionné mais également versatile, capable de faire des milliers de kilomètres pour s’embraser sur un geste, une action, mais aussi de bouder sa sélection après une contre-performance. Propulsé général par interim dans ce no man‘s land bordélique à l’accent gaucho, le temps de Scaloni à la tête de la sélection ne semble s’écrire qu’en jours et peu seront les courageux à miser un peso sur sa continuité post-2019.


Son début de mandat va d’ailleurs s’inscrire dans le sens du tâtonnement et de la recherche perpétuelle de la bonne formule. Sur les dix premiers matchs dirigés, Scaloni va tester une trentaine de joueurs (dont onze rien que pour le premier match contre le Guatemala) ainsi que trois schémas différents, notamment celui qui deviendra sa marque de fabrique, le 4-3-3. Si de loin, les choix de Scaloni peuvent passer pour de l’incertitude, en vérité, c’est le premier choix fort et intelligent que fait le Caballo depuis son intronisation.


En ratissant large, l’ancien Turco du Dépor fait d’une pierre deux coups. Premièrement, il offre du temps de jeu à des morts de faim qui n’attendaient que ça, et qui profitent du marasme ambiant pour s’imposer comme les nouveaux leaders d’une sélection qui se rebâtit pierre après pierre. Des exemples ? Les arrivées de Gio Lo Celso et de Rodrigo de Paul permettent à l’Argentine d’instantanément retrouver une certaine stabilité dans un secteur-clé, et souvent maltraité lors de la dernière décennie.


Deuxièmement, la toile tissée par Scaloni pour constituer l’équipe la plus compétitive permet également de réveiller certains cadres, devenus sénateurs au sein d’un vestiaire fracturé en mille morceaux par les échecs successifs. Si le cas Messi n’a jamais fait débat, rapidement revenu malgré son break international, pour d’autres, comme ceux cités plus haut, la question méritait sincèrement d’être posée, tant le niveau affiché fut parfois indigent.


Si Nicolás Otamendi retrouve rapidement le chemin de l’Albiceleste, pour Sergio Agüero, il faut attendre le dernier match de préparation pré-Copa América 2019, face au Nicaragua. Le Fideo Di María, lui, va devoir attendre un an pour goûter de nouveau au plaisir de porter le maillot bleu et blanc. Pour Pipita Higuaín par contre, clap de fin. Son match contre le Nigeria en phase de poule de Coupe du Monde 2018 sera son dernier et il ne sera plus jamais appelé par Scaloni. Des choix forts, motivés par l’envie de faire table rase d’un passé proche encore vivace et douloureux, et qui s’avéreront finalement payants.


Confirmé dans ses fonctions au moins jusqu’à la fin de la Copa América, et après un début de mandat plus que correct (6V, 1N et 2D), Scaloni et l’Argentine débarquent donc au Brésil sur la pointe des pieds. Motivé par l’envie de revanche, le pujatense reste tout de même conscient des faiblesses d’un groupe toujours aussi friable, surtout sur le plan défensif. Si la ligne arrière reste largement au-dessus du niveau du continent, elle inspire néanmoins quelques craintes, entre synergie fragile due au nombreux choix effectués durant l’année écoulée et individualités couchées sur le papier par défaut.

Et comme pour venir confirmer les craintes de son chef, la Copa América 2019 sera un long chemin de croix pour l’Argentine. Dépassée par une surprenante Colombie et un Paraguay solide et efficace, l’Argentine se qualifie sur le fil du rasoir après une victoire poussive contre le Qatar, lors de l’ultime match de poule. Malgré une victoire logique mais sans relief contre le Venezuela, les espoirs argentins s’éteignent définitivement face au Brésil en demi-finale. Le match contre le Chili, marqué par la bagarre entre Medel et Messi, reste anecdotique malgré la victoire, venant simplement clore une piètre campagne. Pourtant, ce qui devait être le prolongement d’une inexorable chute va rapidement se transformer en déclic pour tout un groupe, toute une nation. Si 2020 fut une année compliquée pour la planète foot, marqué par la crise du Covid, l’arrêt du football et le décès de Diego Maradona, 2021 aura été une bénédiction pour la bande à Scaloni, qui est redevenue ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : une équipe. Arrivés quelques mois avant la Copa América 2021, les additions de Dibu Martínez et de Cristian Romero ont fait du bien à une sélection terriblement déséquilibrée, oscillant entre l’excellence offensive et le cataclysme défensif. Avec un Otamendi de retour à un bon niveau et les arrivées en grâce de joueurs comme Marcos Acuña, Gonzalo Montiel ou Nahuel Molina, l’Argentine se dote enfin d’un secteur défensif capable de rivaliser avec les meilleurs équipes du monde.


Des derniers réglages qui vont enclencher les prémices de la tentaculaire Argentine de 2022. Une équipe transfigurée, capable de faire le dos rond face aux équipes les plus redoutables, mais également capable de prendre le jeu à son compte, avec un trident central intraitable qui se complète parfaitement, et un Messi au centre des opérations offensives, servant de relais ainsi que de point d’appui pour les lieutenants Ángel Di María et Lautaro Martínez.


Mais plus qu’une équipe, plus qu’un simple onze, c’est un véritable groupe, solide et sûr de sa force qui est né cette année-là. Un groupe qui va, au fur et à mesure des semaines, monter en puissance pour finalement atteindre son apogée au Maracanã, un soir de 10 juillet. Le temps pour l’Argentine de souffrir, de stresser, de prendre quelques coups, d’en donner également. Le temps pour Ángel Di María d’envoyer une merveille de lob pour conjurer un signe indien vieux de vingt-huit ans, face au vieil ennemi brésilien évoluant dans son jardin mythique.


Ce soir-là, et pour la première fois de sa longue carrière sous le maillot bleu et blanc, Lionel Messi pleure. De joie cette fois-ci, emportant avec lui, le coeur d’une nation délivrée d’une malédiction qui pesait tant sur ses épaules. Ce soir, la Scaloneta devient réalité et prend pour la première fois la route vers le Mondial. Depuis là-haut, Diego peut sourire et s’endormir paisiblement : son Argentine est de retour.


Trop parfaite l’Albiceleste ?


Un rouleau-compresseur. Voilà comment pourrait-on qualifier l’équipe du Caballo Scaloni. D’une équipe complètement désorganisée, perdue et en rupture totale avec son peuple, l’Albiceleste est aujourd’hui devenue le symbole d’un pays qui cherche et trouve, en son football, un exutoire, une manière de s’extirper des affres de la vie, dans une Argentine s’enfonçant de plus en plus dans une crise sociale sans précédent.


Une confiance qui met de l’huile dans le moteur faisant tourner la sélection. D’ailleurs, depuis ce 2 juillet 2019 et la piteuse défaite contre le Brésil, l’Argentine n’a plus connue la défaite. Trois ans et demi plus tard, et après trente-six matchs sans laisser une miette à ses opposants, la sélection est devenue une machine rodée, inspirant de nouveau chez ses adversaires, crainte et méfiance.


À lire ce papier, il serait facile d’en déduire que cette équipe d’Argentine est intouchable et qu’elle devrait décrocher, sans trop de difficulté, sa troisième étoile. Pourtant, cette équipe, aussi talentueuse qu’elle puisse être, possède néanmoins quelques zones d’ombres, qui pourraient éventuellement assombrir un horizon dénué de nuages.


Car il existe forcément quelques doutes légitimes sur son niveau réel et intrinsèque. Si effectivement, la sélection semble avoir trouvé son rythme de croisière, enchaînant les K.O avec une facilité rare, il faut évidement remettre les choses en perspective. Des dix-sept adversaires affrontés sur les trente-six matchs, seuls cinq équipes faisaient parties du top vingt du classement FIFA entre 2019 et 2022 (Brésil, Chili, Colombie, Italie, Uruguay).


Le reste ? Des équipes bien plus faibles, se situant plus entre le top quarante et le top soixante, voire même flirtant parfois avec la centième place, comme la Bolivie (actuelle 82ème) ou encore l’Estonie (109ème). Si l’idée ici n’est pas de minimiser l’exploit d’enchaîner autant de matchs sans connaître la défaite, bien au contraire, il semble tout de même important de remettre le contexte en place et de ne pas s’intéresser uniquement qu’au résultat final. Même cette Finalissima, empochée haut la main face aux Transalpins peut être sujette à débat. Si cette victoire ne souffre d’aucune contestation, le score parlant pour lui-même, elle s’est faite au détriment d’une Italie entamant un énième cycle de reconstruction, après le coup de massue reçu trois mois plutôt face à la Macédoine du Nord, synonyme de seconde non-qualification d’affilée pour le Mondial. Une victoire de prestige qui laisse quand même un goût particulier, tant l’affiche laissait présager un bel affrontement.


D’ailleurs, en parlant de reconstruction, si l’Argentine a su parfaitement réussir sa mue, la prudence doit tout de même être de mise avec cette jeune sélection. Si le sang frais apporté entre 2018 et 2022 est l’élément principal de son retour au premier plan, impossible de ne pas évoquer désormais ce qui pourrait être le retour de bâton de cette politique : l’inexpérience internationale de ce groupe.

Si l’épopée continentale vient atténuer un peu ce cruel manque d’expérience, impossible encore une fois de ne pas faire le comparatif entre une épopée en Copa América dans des stades vides, cloisonnés dans des bulles sanitaires, et la ferveur unique que peut nous offrir une Coupe du Monde.


Alors, couplé en plus à une attente extrêmement forte au pays et la pression lié à son nouveau statut de favori, il sera intéressant de voir comment l’Argentine va se comporter, dans un groupe où seulement sept joueurs sur vingt-six ont déjà connu un Mondial. Un défi pour les néophytes qui vont fouler les pelouses qataris, mais aussi pour Lionel Scaloni, plus jeune sélectionneur de la compétition, qui devra également faire face au plus gros défi de sa jeune carrière.


Une liste jeune donc, où le syncrétisme générationnel semble prendre de jour en jour et ce, malgré les absences. C’est peut-être là, d’ailleurs, le dernier point sur lequel l’Argentine sera attendue au tournant. Si depuis son intronisation, Lionel Scaloni a utilisé près de soixante-quinze joueurs (pour quatre-vingt douze convocations), le onze lui, n’a que très peu bougé une fois la bonne formule trouvée.


Bien installés dans un 4-3-3 taillé aux petits oignons pour son effectif, le onze lui, ne tourne que très peu hormis lors des matchs amicaux. Un turnover peu présent lors des matchs à enjeux, qui pourrait venir jouer un sale tour dans la machine scalonesque. La blessure de Giovanni Lo Celso, à quelques jours du mondial, illustre parfaitement cette situation. Pilier de la sélection de part son profil unique au milieu (le seul gaucher du trio), sa qualité de passe et sa vision de jeu, remplacer Lo Celso « l’irremplaçable » ne sera pas une partie de plaisir. Si le banc offre de belles solutions avec Papu Gómez, Alexis Mac Allister ou le jeune crack Enzo Fernández, c’est au niveau de la cohésion d’équipe que l’Argentine en prend un coup.


Si le cas Gio est plié depuis quelques jours désormais, il substitue encore quelques doutes sur la forme de certains. Le Fideo Di María, arrivé avec une délicatesse à la cuisse, semble récupérer progressivement, mais ne sera pas totalement à 100 % de sa forme. Idem pour son compagnon juventino Leandro Paredes. Paulo Dybala, venu gratter une place au buzzer dans cette liste et qui n’a joué que vingt-deux minutes en un mois, se remet également d’une blessure au biceps fémoral. Pour Juan Foyth, c’est encore pire : le joueur, qui s’est blessé fin août, vient juste de reprendre la compétition et n’a joué que cent-cinquante minutes depuis la fin de l’été.


Et la liste risque peut-être de s’allonger encore un peu. Nico González et Tucu Correa, blessés lors de la concentration dohanaise, ont déjà été remplacés par Thiago Almada et Ángel Correa. Le Cuti Romero, devenu cadre indiscutable, vient de reprendre l’entraînement avec le groupe. Marcos Acuña et le Papu Gómez, eux, restent sous surveillance permanente, au même titre que Leo Messi, qui s’est entraîné en fin de semaine à part du groupe. Si pour le moment, il ne semble pas nécessaire de tirer la sonnette d’alarme, une potentielle cascade de blessure pourrait venir changer drastiquement le schéma de la bande à Lionel. Si le talent est bien présent sur le banc, ce qu’elle conserverait en qualité, l’Argentine le perdrait en synergie collective ainsi qu’en cohésion, la faisant passer d’une équipe quasiment imperturbable à celle d’une équipe cherchant encore ses automatismes, brisant de ce fait, une bonne partie du travail effectué sur la dernière année.


La dernière danse


Malgré tout ça, impossible de ne pas voir l’Argentine comme l’un des favoris du tournoi le plus prestigieux du monde. Oui, comme toutes les équipes, cette sélection possède des défauts. Mais il se dégage de ce groupe une telle confiance, une telle force et un telle sérénité qu’il semble impossible de ne pas envisager a minima une demi-finale pour l’Albiceleste.


En poste depuis 2018, le discret Scaloni aura donc réussi son pari : celui de remettre l’Argentine sur la carte des ogres footballistiques. Mission réussie haut la main pour celui qu’on appelait parfois « le traître » lors de son arrivée. Que de chemin parcouru depuis, pour celui qui incarne désormais la Scaloneta, ou l’espoir d’une troisième étoile, porté par quarante-cinq millions de personnes.


Si pour les uns, ce tournoi sera une découverte, pour d’autres, il sonnera le tocsin du dernier mondial, notamment pour les ultimes soldats d’une génération dorée, mais terriblement malchanceuse. De Nicolás Otamendi à Lionel Messi, en passant par Ángel Di María, tous devraient disputer leur dernière Coupe du Monde cet hiver. L’occasion est trop belle pour les trois lascars, qui seraient tentés d’envoyer leur plus belle partition afin d’atteindre le but ultime, rejoindre les glorieux aînés de 1978 et de 1986 dans la légende.


Et puis, il y a forcément Diego. Le Pelusa pour certains, le Pibe de Oro pour d’autres, mais le génie pour tous. L’incarnation désormais mystique de l’Argentine pèsera fortement dans les têtes des onze pibes qui s’en iront défier l’Arabie Saoudite. Mais, loin d’être un poids, comme ce fut parfois le cas pour certains, son souvenir agit aujourd’hui comme une force supplémentaire, une de plus, dans un groupe déjà soudé par l’effort et la victoire. Une main invisible, dirigeant malicieusement le destin de l’Albiceleste, même Diego ne l’aurait pas imaginé ainsi.


Mais au-delà du résultat final, l’essentiel ne serait-il pas ailleurs finalement ? Le plus important ne serait-il pas justement cette relation retrouvée entre un peuple et son équipe nationale ? Peut-être bien que oui au fond. Si les Argentins ont toujours mis un point d’orgue à suivre leur équipe coûte que coûte, ils ont parfois été critiques, virulents mais toujours sincères avec une sélection qui n’offrait que trop peu par rapport à ce qu’elle recevait.


Aujourd’hui, ce lien de confiance, presque brisé autrefois, se retrouve solidement renforcé, et le restera, peu importe l’issue du tournoi. Et en y repensant bien, il est peut-être bien là, le plus bel exploit de ce bus magique qu’on appelle La Scaloneta.

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