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  • Photo du rédacteurYacine

Peter le dernier Bosz du secteur sportif


Gros plan sur Peter Bosz entraîneur Olympique Lyonnais


Lors de la dernière intersaison, l’Olympique Lyonnais a décidé d’appointer Peter Bosz comme entraîneur principal. Un choix détonnant et aux antipodes de l’entre-soi français historique du club rhodanien (hormis la petite parenthèse Sylvinho). Le coach néerlandais, passé entre autres par l’Ajax Amsterdam et le Borussia Dortmund, devait être celui qui aiderait l’OL a cassé le plafond de verre sur lequel le club semble buter depuis plusieurs saisons. Malheureusement pour les Gones, l’heure du premier bilan a sonné et le choix d’appointer le Hollandais, s’avère (pour le moment) être un échec, tant les résultats actuels ne sont pas en adéquations avec le standing d’un club comme l’Olympique Lyonnais. Cependant, bien que Peter Bosz semble être le responsable tout trouvé à cette moitié de saison en dents de scie, il pourrait finalement n’être que la victime collatérale d’une institution en berne, dans laquelle chaque entité se tire la couverture.


La saison dernière s’est terminée depuis quelques semaines et nous sommes à l’aube d’un Euro se jouant dans différents pays européens. Jean-Michel Aulas, président historique de l’Olympique Lyonnais, s’affiche fièrement aux côtés du directeur sportif de l’époque, Juninho Pernambucano et du directeur général adjoint, Vincent Ponsot, afin de présenter l’entraîneur qui prendra la succession d’un Rudi Garcia, arrivé en fin de contrat et qui ne laissera pas un souvenir impérissable entre Rhône et Saône. L’heureux élu est un certain Peter Bosz, personnage peu connu du grand public français, aux airs de Pep Guardiola, ex-joueur du SC Toulon de Rolland Courbis et entraîneur passé entre autres par l’Ajax Amsterdam et le Borussia Dortmund.


Peter Bosz a tout pour séduire : il parle français, a atteint une finale de coupe d’Europe avec l’Ajax Amsterdam (finale d’Europa League perdue en 2017 face au Manchester United de Mourinho) a un profil de formateur, et surtout a une vision footballistique et des idées de jeu bien établies. C’est d’ailleurs ce dernier argument qui a fait frémir les nombreux supporters lyonnais. Ces derniers, qui depuis des années réclament un entraîneur étranger, capable d’apporter des idées nouvelles et de casser le cycle dans lequel le club rhodanien semble empêtré depuis 2015 et les appointements successifs de Hubert Fournier, Bruno Génésio, ou encore Rudi Garcia. Le choix de Peter Bosz sonnait donc comme une victoire pour les supporters, après toutes ses années de tensions avec la direction, au sujet du futur sportif de l’Olympique Lyonnais.


Et pourtant, malgré toutes les promesses et les espoirs résultants de l’arrivée du coach hollandais en capitale des Gaules, les premiers mois sont pour le moins laborieux, avec comme point d’orgue, une position au classement indigne pour un club de ce standing. Seule, l’Europa League fait figure de satisfaction.


Une politique sportive en berne


Cependant à y regarder de plus près, les résultats sportifs actuels et ceux obtenus depuis maintenant plusieurs années sont à mettre en corrélation avec la gestion interne et sportive du club rhodanien. Un directoire qui est plus souvent dans la réaction que dans l’action. La saison 2021-2022 fait office de point d’orgue, dans la mesure où elle met en exergue tous les maux du club présidé par Jean-Michel Aulas. Un JMA qui semble de plus en plus rattrapé par les années et par un sport en constante évolution.


En choisissant Peter Bosz, l’Olympique Lyonnais a ouvertement tablé sur une refonte de sa politique sportive. Malheureusement pour le directoire lyonnais, la décision d’opérer un virage à 180° de tout un secteur en berne, nécessite un temps de réflexion et une totale adhésion de toutes les entités en charge de la mener.


L’intronisation du coach néerlandais est certes intervenue fin mai 2021, mais était déjà très (trop) tardive, alors que tout suiveur de football savait depuis décembre 2020, que Rudi Garcia ne serait pas prolongé à la fin de son contrat, et c’est seulement une fois la saison terminée, que la direction lyonnaise s’est décidée sur le choix de son successeur. Le club aurait donc pu avoir le luxe de travailler sur les contours de son futur projet et de se positionner sur le choix de son futur entraîneur dés fin 2020/début 2021. De plus, le choix Peter Bosz, ne faisait pas l’unanimité et résultait d’un différend sur le futur à suivre, entre le boss du sportif, Juninho, et le duo Aulas/Ponsot.


Tandis que le binôme militait pour la venue de Christophe Galtier, le brésilien, lui, souhaitait bouleverser l’environnement confortable franco-français dans lequel est empêtré le club depuis trop longtemps (De Zerbi, alors entraîneur de Sassuolo et sur le départ, avait ses faveurs). Peter Bosz a donc été la poire coupée en deux : un coach étranger, qui connaissait particulièrement bien les rouages du championnat français, pour y avoir joué plus jeune, et qui parlait déjà la langue.


Plusieurs semaines avant cette arrivée tardive, le club rhodanien avait tout de même déjà bien avancé sur son mercato. Une des premières recrues est Damien Da Silva, défenseur central, en provenance de Rennes. Le fait de recruter un joueur, sans même savoir si le profil, satisferait le futur entraîneur est une des preuves d’un manque de concertation collectif. Pire, quelques jours seulement après l’intronisation de Peter Bosz, et face au besoin d’un latéral gauche, Juninho jette son dévolu sur le Brésilien Henrique, un timing qui ne laisse que peu de chances au Batave d’avoir un avis plus que consultatif.


Malheureusement, et après quelques séances d’entraînement, l’ex-entraîneur de l’Ajax Amsterdam juge que le profil du brésilien ne correspond pas à ses besoins et fait le forcing pour un autre latéral gauche, en la personne d’Emerson. Joueur qui rejoindra les rangs lyonnais lors des dernières heures du mercato estival.


Cependant, entre la prise de fonction de l’entraîneur et le recrutement du latéral Italien, il s’est passé un mois et demi et plusieurs journées de championnat. De plus, face au risque d’embouteillage au poste de latéral gauche, le club s’est délesté d’un de ses espoirs les plus prometteurs, le jeune Melvin Bard.


Dans les toutes dernières minutes du mercato estival, un autre joueur a rejoint le club rhodanien. Un certain Jérôme Boateng, évoluant au même poste que… Damien Da Silva. Ce dernier s’avérant finalement être un profil aux antipodes de ce que souhaite mettre en place le technicien batave, à savoir, une défense évoluant plus haut sur le terrain, des attaques construites depuis la défense, etc.


Il pourrait aussi être intéressant de s’attarder sur le cas Marcelo, prolongé en mars 2021, pour ensuite devenir persona non grata, en août de la même année, et qui a finalement quitté l’OL pour les Girondins de Bordeaux, lors de la dernière fenêtre de mercato, le tout, librement, après avoir passé plusieurs mois à s’entraîner avec l’équipe réserve.


Malgré tous ces chamboulements au poste de défenseur central, un ex-lyonnais aurait pu correspondre au profil désiré par Peter Bosz, en la personne de Joachim Andersen. Joueur danois acheté lors du mercato estival 2019 pour 30 millions d’euros à la Sampdoria, mais qui, sous la houlette de Rudi Garcia n’a pas réussi à s’imposer. Juger trop « propre » et pas assez agressif, c’est premièrement en prêt du côté de Fulham, en Premier League qu’il tente de se refaire la cerise. Fort d’une pige dans le sud-ouest de Londres satisfaisante et d’un Euro de très bonne facture avec le Danemark, il a été revendu presque 50 % moins cher à… Crystal Palace. Aujourd’hui et au vu de sa qualité de relance, il y a fort à parier, qu’il ne serait pas de trop dans l’effectif du néerlandais.


Il y a aussi beaucoup de similitudes entre la gestion de l’entraîneur et celle d’un autre Hollandais, cette fois-ci joueur : Memphis Depay. Le directoire lyonnais savait pertinemment depuis 1 an qu’il partirait libre le 30 juin 2021, date de la fin de son contrat. Malgré tout, son remplaçant, Xherdan Shaqiri n’est arrivé en capitale des Gaules, que le 23 août, sans préparation physique et après 3 journées de championnat. Un recrutement aux airs de « panic buy » qui se résume par une volonté de frapper fort et de satisfaire les supporters, en quête de nom, après la perte de l’idole batave pour le FC Barcelone. Malheureusement encore, le choix du Suisse s’avère être un échec.


Enfin, cet hiver, le départ de Bruno Guimarares pour la coquette somme de 50 millions (bonus inclus) a permis aux Lyonnais de recruter 2 joueurs aux profils intéressants, Romain Faivre et Tanguy Ndombele. Malheureusement, aucun des deux ne vient pour remplacer le brésilien. Tandis que Bruno Guimaraes est un profil de milieu récupérateur, Tanguy Ndombele est un milieu relayeur et Romain Faivre, un joueur à vocation offensif, évoluant au même poste qu’un certain Lucas Paqueta. Ce dernier faisant cette saison, la pluie et le beau temps du côté du Groupama Stadium. Ces arrivées confirment la thèse de l’effectif mal construit, avec certains postes ultra-concurrentiels, comme ceux du milieu de terrain relayeur, ou d’attaquant de pointe, tandis que l’effectif ne compte que trop peu d’ailiers et de milieux défensifs.


Le monde de la finance vs la réalité du terrain


Bien que le club soit historiquement un modèle de gestion économique, il a lui aussi était impacté par les récents événements qui ont frappé le football français, à savoir : baisse des droits TV et le fiasco Mediapro et crise Covid qui n’a pas permis l’exploitation intégrale du Groupama Stadium sur une période bien trop longue. De plus, le club a dû composer avec certaines de ses erreurs des années passées, comme les manques de rentrées financières liées à la Ligue des Champion, ainsi que les jolis cadeaux laissés par Florian Maurice, l’ancien responsable du recrutement (Youssouf Koné, Thiago Mendes…).


Toutes ces accumulations de pertes financières, rendent les manœuvres de recrutement relativement difficiles et il devient impossible pour le club de considérer certaines demandes de son entraîneur. Notamment celle de recruter André Onana, gardien de but que Peter Bosz a connu lors de son époque amstellodamoise, et qui coche tous les critères demandés, à savoir : une aptitude, grâce à son jeu au pied à être le premier relanceur et de facto à être le premier attaquant de son équipe. À cette époque, du fait d’un contrat approchant sa fin et une suspension de plusieurs mois, André Onana est une piste abordable pour l’OL, et ce, malgré son rayonnement à l’échelle européenne. Malheureusement, les négociations ont tergiversé et le transfert n’a pu aboutir. Aujourd’hui André Onana est le gardien d’une équipe qualifiée en 1/8 de finale de Ligue des Champions et vient de s’engager, pour la saison prochaine, chez le champion en titre italien : l’Inter Milan.


Ce genre de tergiversation s’est souvent répété, et à terme, les distancions entre les différents clans sont devenues de plus en plus importantes, tant chaque entité privilégie son domaine de prédilection, et non l’institution OL. D’un côté Vincent Ponsot, le directeur général adjoint, en charge de la partie financière a les yeux rivés sur le cours de Bourse de l’action OL Groupe et tente de faire du plus avec du moins, tandis que de l’autre, Juninho, le directeur sportif, priorise le rectangle vert.


Après plusieurs mois de cohabitation et face à plusieurs transferts retoqués par le boss du financier (notamment Sardar Azmoun) le directeur sportif, lassé de ces guerres internes a décidé de jeter l’éponge en décembre dernier, et a démissionné de son poste avec effet immédiat. Vincent Ponsot a eu la tête de l’enfant chéri, le lion Juninho.


Le renouveau par la jeunesse

Le centre de formation lyonnais est un modèle de référence à l’échelle mondiale. Lors des vingt dernières années, il a vu éclore quelques talents tels que : Benzema, Ben Arfa, Rémy, Lacazette, Umtiti, Fekir, Tolisso, Martial, pour ne citer qu’eux. Malheureusement, depuis quelques saisons, suite aux changements répétitifs d’entraîneurs et à la non-visibilité que leur offre le club, les meilleurs jeunes, à l’image de ce qu’il se fait du côté du Paris Saint-Germain, partent s’aguerrir ailleurs. C’est le cas d’Amine Gouiri qui fait aujourd’hui le bonheur des Aiglons niçois et qui, pourtant, pourrait aujourd’hui jouer un rôle majeur entre Rhône et Saône.


Sous la houlette d’un Peter Bosz, au profil de bâtisseur, les jeunes sont remis au cœur du projet. En quelques mois, Castello Lukeba et Malo Gusto, se sont imposés dans le onze type rhodanien, passant des équipes de jeunes, aux terrains de Ligue 1, en l’espace de quelques mois. De leur côté, Maxence Caqueret et Sinaly Diomandé confirment les espoirs affichés la saison dernière.


Quelques motifs d’espoir


Malgré les pressions de Jean-Michel Aulas à son encontre et un intérêt prononcé du binôme gagnant lyonnais pour Laurent Blanc afin de lui succéder, et malgré le départ de son plus grand soutien au sein du club, Juninho, Peter Bosz tient le cap. À l’heure actuelle, son équipe ne brille, certes pas dans le jeu, mais accumule les points au fil des matchs et après la victoire contre l’Olympique de Marseille, l’objectif de qualification pour une future coupe d’Europe ne semble plus inatteignable.


Toutefois, si d’un point de vue financier, l’Olympique Lyonnais ne peut se permettre de vivre une énième saison sans qualification en Ligue des Champions, qui plus est, avec un effectif à la base bâti pour se qualifier pour cette compétition tous les ans, le club, sous la houlette de Peter Bosz, a accouché d’un nouveau projet qui ne demande qu’à mûrir et se doit d’accepter de prendre le temps de grandir.


Pour remporter son pari, le néerlandais, bâtisseur confirmé, a besoin de temps, de tranquillité, et d’une adhésion totale de toutes les entités du club. Autrement, le projet Peter Bosz sera un échec et son nom rentrera dans la lignée de ses prédécesseurs. L’institution de son côté, comme les joueurs continueront à régresser saison après saison, à l’image des dernières années lyonnaises, ainsi que certains joueurs dont Houssem Aouar ou Leo Dubois.


Le duo Ponsot/Aulas a eu la tête de l’idole Juninho, et une épée de Damoclès est suspendue au-dessus de celle de l’ex-entraîneur de l’Ajax Amsterdam. Si échec du projet Bosz il y a, il sera avant tout imputable au binôme lyonnais et le crédit illimité dont il profite pourrait, à terme, s’estomper. Leur principale mission sera donc de concilier le secteur sportif à celui du financier, s’ils aspirent prochainement à revoir l’Olympique Lyonnais jouer les têtes d’affiche dans la coupe d’Europe reine, les mardis et mercredis soirs.

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