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Bienvenue dans les cantons de l’est Belge



Ces dernières semaines, nous avons eu droit à d’innombrables chocs et reportages autour des Classiques, Classico, etc. Oubliez toutes ces grandes affiches, aujourd’hui, je vous emmène dans la partie est de mon pays qu’est la Belgique, enfin dans les cantons de l’est du plat pays, afin de revenir sur le match entre le KAS Eupen et la Royale Union saint-gilloise, choc entre le 3e et le 1er de division 1 (avant le match). Allez, on enfile son manteau, on attache sa ceinture et en voiture Simone.


Beaucoup de choses séparent le KAS Eupen et la Royale Union saint-gilloise. L’E-40 premièrement, il faut en effet pas moins d’1 heure trente (sans embouteillage) pour parcourir les 134 km séparant les cantons de l’est, à la capitale de l’Europe. Les cantons de l’est, à moins d’être belge, personne ne sait vraiment ce que c’est. Cette région, offerte à la Belgique en 1919 en application du traité de Versailles, est la partie germanophone du pays. Avec à peine 78 000 habitants, la population ne pourrait pas remplir le stade de Wembley.


Avant sa présence actuelle (depuis 2016), Eupen n’avait joué qu’une seule saison en division 1. Une saison qui s’était soldée par une relégation immédiate. Un passage à l’étage inférieur qui a vu passer quelques investisseurs plus ou moins douteux, avant le dernier et l’arrivée de l’Aspire Academy de Doha (hé oui, on a aussi un club à pétrodollars en Belgique.)


Le club fondé au sortir de la Seconde Guerre mondiale et de la fusion de 2 entités sportives a toujours vivoté dans les séries inférieures. Surprise de ce début de saison et ce, malgré une diminution drastique de l’investissement des Qataris. Même si, au vu des résultats actuels, les propriétaires pourrait revoir leur jugement.

Son adversaire du soir l’Union comme on l’appelle, est le 10e plus vieux club de Belgique. Possédant un palmarès plus qu’intéressant : 10 fois champion de Belgique et 2 fois vainqueur de la coupe. Armoire à trophées qui a cependant, eu le temps de prendre la poussière, tant le dernier titre majeur date de 1935.


Entretemps, et depuis sa dernière présence en 1re division en 1973, le club a végété entre la D2 et la D4, avant de faire son retour dans l’élite… Cette saison. Racheté (mais chut, c’est un secret) par les propriétaires de Brighton, les Unionistes se sont peu à peu refait une santé, et pour leur retour en D1, propose un des meilleurs football pratiqué dans le plat pays (pour l’instant) à la manière d’un RC Lens en Ligue 1. Une philosophie et des idées de jeu décomplexées qui permettent aujourd’hui, au jaune et bleu de trôner en tête du championnat avec 2 unités d’avance sur l’ogre Club Brugge.


À quelques heures du début du match entre les 2 protagonistes, nous arrivons au stade. Impossible d’acheter de billet à l’heure du match, il faut passer par une prévente (la dernière limite est le jour du match 17 h 45.) et c’est non-négociable (mentalité germanique oblige.) L’achat effectué, nous voilà dans l’obligation d’attendre 20h45. Pour tuer le temps, on se balade et allons voir les jeunes du FC Eupen (un petit club local qui a ses installations au bout de la rue) imiter leurs idoles contre un adversaire au nom imprononçable.


L’heure du derby approche et nous voyons passer le bus de l’Union qui parcourt les 500 mètres séparant l’estaminet au stade. Arrivé au stade, première déception, malgré un record d’affluence: 2700 spectateurs dont 150 saint-gillois, le stade n'est rempli qu'à un quart de sa capacité totale (8 363). Le match débute, les 2 Kops chantent à se péter les cordes vocales. Pas le temps de s'asseoir que l'Union ouvre le score 0-1 donc. Le jeu se poursuit, c'est physique et ça joue au milieu du terrain. Rien d'intéressant, ce qui me permet d'en demander à mon voisin le pourquoi du peu de spectateurs. Sa réponse fuse, froide et sèche comme le temps : " Bundesliga".


Il m'explique que chaque club allemand a son club de supporters dans la région, et que tous les week-ends des cars partent voir Dortmund, Cologne, Mönchenglabach... Le temps de finir son explication, l'Union double le score d'un superbe tir des 25 mètres à la 28e minute. La mi-temps arrive sans que l'on ne s'enthousiasme outre mesure à part un tir de Kayembe pour Eupen des 25 mètres. Durant la mi-temps, mon voisin avec qui la glace s'est brisée m'explique aussi que l'Eupenois cherche beaucoup d’excuses afin de ne pas venir. D'abord, l'équipe n'était pas compétitive, elle l'est actuellement, mais ce n'est pas suffisant. Ensuite, ce sont les horaires qui ne lui convient pas, ou l'absence de joueurs locaux depuis la reprise Qatari (tiens, tiens.)


La 2e mi-temps reprend, les 2 équipes se partagent quelques occasions, mais le score reste en l'état. Le jeu est toujours aussi physique et c'est le froid qui nous empêche de nous endormir. Ce qui n'est pas le cas d'une dizaine de supporters de l'Union qui chante torse-nu depuis le début du match. Le kop Eupenois donne lui aussi de la voix, mais le match prend doucement, mais sûrement la direction du score inchangé. Sauf que la 75e arrive, goal pour Eupen sur une frappe à l'entrée de la surface de Kayembe. Le temps de mettre le ballon en jeu et Eupen fait un pressing de malade. Cafouillage dans la surface des Unionistes et les pandas (le surnom des Eupenois du fait qu'ils jouent en noir et blanc) égalisent devant leurs supporters. Le stade chavire. Mon voisin, qui n'avait pas décroché un mot d'encouragement pour son équipe, se met à hurler son amour du club. Égalité parfaite. Tout le monde se congratule. L'Union remet la balle en jeu et en 5 passes fait 2-3. Tout l'Union exulte sauf l'entraîneur qui crie sur ses défenseurs, car il a encore l'égalisation en travers de la gorge.


Ma 2e déception de la soirée interviendra quand les supporters d’Eupen commenceront à jeter des briquets et des bières sur le gardien de l'Union saint-gilloise qui leur tournait le dos. Match arrêté 10 minutes comme le stipule le règlement. Triste. Mon voisin ne comprend pas, et dans son incompréhension me dit «le public a toujours été bon enfant ici. » Plus tard, durant le week-end certains émettront l'hypothèse de la présence de supporters de clubs allemands venant "s'amuser" en Belgique, à voir. Le jeu reprend, mais Eupen a un peu les jambes coupées. Ils poussent, mais la défense Saint Gilloise tient et le score reste inchangé.


Mon voisin est parti depuis la 90e pour éviter le trafic, selon lui. Par la suite, interviennent les interviews d’après-match et la communion des joueurs avec les supporters. Hormis les 2 petites déceptions, j’ai passé un super moment, j’ai hâte de faire mon prochain match et me dit qu'un petit peu d'iode me ferait du bien. Tiens, j'irais bien voir Ostende.



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